Dix-huitième jour – sauvés par un mauvais titre !

Publié le

Hier, j'en étais resté aux inquiétudes de la limace quant à l'impression des 387.953.078.985.276.845.401 exemplaires de son Nouvel Hebdomadaire de Référence à destination des habitants de la planète de l'aliène, devant l'opposition probable des syndicats de la presse, et de notre sourire commun devant cette perspective.

Mais malheureusement, l'aliène ne souriait pas parce qu'il se réjouissait des futurs malheurs syndicaux de la limace, mais simplement parce qu'on souriait devant lui, car c'était un imitateur né. Si on n'avait rien compris à son discours, c'était simplement parce qu'il avait appris notre langue avec la limace et que, comme chacun sait, celle-ci était maître en détournements sémantiques et autres manipulations langagières, pour mieux asseoir son pouvoir en s'asseyant sur les principes les plus fondamentaux de l'éthique journalistique.

Il nous fallut un certain temps pour corriger ces perversions idiomatiques, et enfin pourvoir converser avec cet aliène si sympathique. Car il était très sympathique. Quand la limace, pour détourner l'opposition certaine que lui ferait les syndicats de la presse dans l'impression immédiate des  387.953.078.985.276.845.401 exemplaires de son torchon, se proposa de délocaliser une imprimerie sur la Lune, pour éviter comité et syndicat d'entreprise, l'aliène appuya avec force notre opposition et asséna même l'argument-clé qui cloua le bec du Directeur en Chef échauffé : ce n'était pas avec les 3 arbres de la serre que l'on allait pouvoir fournir le papier pour tant de magazines. Ça, c'était bien envoyé ! Carla allait continuer en exposant l'état désastreux des forêts et de l'écologie en général sur la terre, je sentais les larmes lui venir, et je me demandais comment (et si je devais) prévenir une nouvelle crise parce que, finalement, il avait raison et il fallait regarder la vérité en face, mais la limace s'éloigna pour téléphoner.

Pendant que la limace prenait conseil auprès de son mentor, la Momie, et auprès de son grand amour de jeunesse, la Plume Sanguinaire, qu'il voulait continuer à agréer en souvenir des inoubliables vacances qu'ils avaient passées ensemble, nous proposâmes une belle affaire à notre nouvel ami : pourquoi, à la place des  387.953.078.985.276.845.401 exemplaires du nouvel hebdomadaire de référence qui, de toute façon, finiraient par boucher les cabinets de sa planète, pourquoi, donc, ne remportait-il pas avec lui le tas d'avions qui bouchait la vue de la véranda ? Du point de vue de la capacité de nuisance, ça revenait au même, et puis c'était moins encombrant ; en plus, ça nous arrangeait en nous permettant de régler nos comptes avec la Grande Puissance Nortuaire qui aboyait et l'ectoplasme satellite mineur qui couinait après nous.

Comme un vrai camarade, l'aliène accepta de bon cœur ! Il allait emporter les avions ! Ils pouvaient toujours servir comme tires-bouchon. Il ne nous restait plus qu'à convenir de la monnaie d'échange, parce que l'aliène, évidemment, n'avait pas de devise. Il fallait donc se mettre d'accord sur un produit qu'accepteraient les deux furieux. Il partit donc regarder dans son coffre pour voir s'il n'y aurait pas quelque chose qui pourrait servir, sans porter préjudice aux camarades. Il rapporta des tas de choses ; mais surtout, à côté des pompes à mélange pour mobylette, il sortit des millions d'exemplaires d'un livre qui semblait bien anodin sur le Pétrole en Amérique, qu'il avait récupérés parce qu'ils allaient être mis au pilon à cause d'une faute dans le titre. Nous lûmes le titre, sans y trouver aucune faute.

On était sauvés ! En échange des avions, nous allions fourguer les millions d'exemplaires de ce livre aux deux hallucinés, et ils allaient sûrement les distribuer gratuitement dans le monde entier pour servir leur propagande pétrolifère. Finalement, ça ne représentait pas un grand danger pour eux, ni pour nous, et nous nous miment à remplir joyeusement le baquet avec les exemplaires de LES VANNES OUVERTES DE L'AMÉRIQUE LATINE* (je me demande encore où est l'erreur du titre...)

Bon, la suite, à demain.

*d'un auteur uruguayen, Eduardo Galeano.

Dix-huitième jour – sauvés par un mauvais titre !

VOUS POUVEZ LAISSER UN COMMENTAIRE, IL SERA LU ATTENTIVEMENT PAR ANASTASIE, NOTRE FONCTIONNAIRE LA PLUS ZÉLÉE

Commenter cet article