Trente-neuvième jour – réunion au sommet du sous-sol (II)

Publié le par Lulu de la Lune

C'est vrai que j'ai un peu traîné pour reprendre la plume. D'abord il m'a fallu me remettre de l'ignoble blague du premier avril, moi qui avait déjà débouché le champagne dans la serre pour boire à la santé des camarades libérés et dansé le rigodon avec Angela autour du lampadaire, au grand damne du président de l'ectoplasme mineur satellite, qui paraît-il, faisait les gros yeux, mais comme il garde toujours son casque de moto pour parer à tous les coups, en grand courageux qu'il est, on ne pouvait pas le savoir.

Mais surtout, depuis dix jours, j'avais sur les bras l'assemblage de mafieux patentés qui s'étaient réfugiés sur la Lune (sur MA Lune - et celle des camarades de la Merveilleuse Commune Lunienne) pour tenter de se mettre d'accord sur des sanctions (le mot est lâché!) à infliger au grand méchant... etc etc etc.... (on connaît maintenant leurs embrouilles par cœur – voir ICI).

Se mettre d'accord, c'était impossible (entre prédateurs, on ne négocie pas, on se bouffe), d'autant que, comme on l'a vu, une imposante cheftaine de leur bande commençait à ne plus vouloir entendre parler de réprimande envers celui qui lui faisait furieusement penser à un ancien chéri. C'était compliqué. D'autant plus compliqué qu'ils voulaient faire bonne figure envers leur patron, la Grande Puissance Nortuaire, dont le président faisait des grands moulinets sur tous les continents (peut-être en prévision du temps disponible qu'il aurait peut-être plus tôt que prévu pour pratiquer la pêche à la ligne), ce qui leur faisait (pour l'instant) terriblement peur. Ils voulaient surtout cacher leurs désaccords, et c'est pour ça qu'ils s'étaient réfugiés sur la Lune, ce en quoi ils étaient vraiment bêtes, car les télescopes bigbrotheriens de la Grande Puissance Nortuaire pouvaient voir le moindre bouton de culotte, même à des milliers de kilomètres de distance.

Peut-être en se cachant dans un trou ?

Dans un trou !

Le tunnel de Carla ! Comme vous vous en souvenez sûrement, assidus lecteurs de ce fascinant journal, notre camarade-syndicaliste vendeur de parapluies, Carla, avait eu l'idée de creuser un tunnel pour que je puisse m'évader de la Lune – voir ICI. Pour une raison que vous ne devinerez pas, cette tentative avait échoué mais le tunnel était toujours là !

Et comme j'étais très fatigué de passer les rafraîchissements et les petits fours, car je tiens à maintenir ma réputation de garant des lois sacrés de l'hospitalité (j'évitai seulement de passer un petit four à la Plume Sanguinaire, devant lequel la Limace était en extase, parce que je redoutais un mauvais jeu de mots de sa part ; on sait comme le naturel revient au galop. La Plume Sanguinaire, en effet, émarge aussi à l'assemblée de ce ramassis de gangsters depuis vingt-cinq ans) ; donc, comme j'étais fatigué de faire le larbin des larbins (de la Grande Puissance Nortuaire), je leur proposai de faire leur réunion au sommet au sous-sol, c'est-à-dire sous le sol lunaire, dans un délicieux tunnel qui aurait tout leur agrément. J'étais sûr que Carla prêterait volontiers son tunnel, surtout si c'était pour nous débarrasser d'un troupeau bien pire que celui des médecins d'affaire dont j'avais dû m'occuper il y a quelques semaines (et pourtant un souvenir de cauchemar – voir ICI). Au début mes hôtes résistèrent un petit peu, parce que c'est vrai que ma serre est vraiment accueillante. Mais quand je leur dis que des forages de test avaient été faits dans ce tunnel et qu'on y avait trouvé des traces de gaz de schiste, ils se précipitèrent en s'écrasant les uns les autres, comme dans le naufrage d'un paquebot affrété par la fine fleur du capital, pour arriver en premier et s'attribuer les plus grosses concessions.

En un instant, la serre fut vide. Il ne restait que des flûtes à champagne et des cigares abandonnés ça et là, seuls signes du tourbillon doré qui y avait séjourné.

Mais, là encore, il manquait quelqu'un. Où donc était la cheftaine arrivée en dernier ? En tendant l'oreille, nous entendîmes des pleurs. C'était bien elle ! Dans la chambre où j'hébergeais la vache Angela (elle avait aimé le papier peint, dont le thème répétait des scènes champêtres anglaises du dix-huitième siècle), la cheftaine continuait à pleurer en se cramponnant au cadre contenant la photo de Fomka, son ancien amour. Elle nous dit, entre deux hoquets, qu'elle n'accepterait de suivre les autres dans le tunnel qu'à la condition d'emporter avec elle le cadre et la photo. Et Angela ne voulait rien savoir. C'était son cadre à elle, un point c'est tout !

Il fallut toute la diplomatie de Ferdinando, subtil agent de la Petite île Formidable des Caraïbes, pour faire accepter à la vache têtue de laisser partir la photo de son chéri. En échange, il lui promit une photo dédicacée des deux frères, ce qui était quand même formidable !

Après, on fit tout très vite. À chaque issu du tunnel, on plaça un énorme bouchon qu'avait laissé là un aliène de passage.

On était tranquilles pour un moment. Ouf !

Bon, je vous laisse, on toque à la porte.

La suite, à demain.

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Trente-neuvième jour – réunion au sommet du sous-sol (II)

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K
&quot;Le moindre bouton de culotte&quot; oui, mais le Boeing malais ou malaisien ou de Malaisie non.<br /> Je me prends à espérer que les bouchons n' explosent; si les poubelles et le Baquet pouvais faire un bon &quot;tri-sélectif&quot; (tri sélectif...ça me fait tjrs pléonasme)ça endiguerait peut-être le mouvement.<br /> Y' a combien d' étoiles aujourd' hui sur le drapeau européen.<br /> Le papier-peint Art-déco, moi j' aime.<br /> Des renoncules et des libellules.
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K
...] &quot;Si les poubelles et le Baquet pouvaient ; saperlipopristi merci Anastasie.<br /> Je retourne aux quaranièmes jours et rugissants.<br /> Et hop !